Archives mensuelles : avril 2022

Projet « Etude de base du Programme Santé sexuelle et reproductive des filles et femmes exclues »

Dans le cadre de ses interventions, l’Association Le Tisserin pour la protection et la promotion des personnes vulnérables et défavorisées en Afrique de l’Ouest met en œuvre un programme dénommé « santé sexuelle et reproductive des filles et femmes handicapées » avec le soutien financier de Africa Action. L’association vient d’obtenir un financement avec l’ONG Allemande Africa Action pour la réalisation d’un projet dénommé « Etude de base sur la santé des filles et femmes vulnérables et exclues ». Cet financement est destiné à la réalisation de l’étude de base citée dans l’intitulé du projet et servira comme projet pilote à Africa Action pour la soumission d’une proposition sur un programme global sur la santé des filles et femmes exclues et vulnérables.

Contexte et justification du programme

L’analyse du contexte général du Burkina Faso met en évidence des défis majeurs qui freinent son développement parmi lesquels figurent en bonne place les problèmes d’inclusion, mais aussi ceux liés à l’égalité et à l’équité selon le genre. A cet effet, la prise en compte des exclus sociaux en général, du handicap, de l’égalité et de l’équité de genre en particulier dans les politiques et programmes publics devient une impérieuse nécessité.

Le handicap et les autres facteurs d’exclusion sont des sources de vulnérabilité pour les personnes qui vivent avec. A tous les niveaux de la vie sociale, les personnes handicapées font face à une discrimination. Le tableau de bord social de 2018 estime qu’elles sont environ 7% de la part des populations inactives[1] .

Les données issues du RGPH de 2019 concernant cette population ne sont encore pas disponibles et les données officielles sont celles de 2006 qui estiment à 1,2% la prévalence du handicap. Cette proportion reste plus élevée chez les populations vivant en milieu rural (1,3%) et sur le plan national, 1,1% de femmes vivent avec un handicap[1]. En revanche chez les personnes déplacées internes selon l’enregistrement fait par le CONASUR, la population des personnes handicapées est de 2,2%[2]. Selon les résultats de l’Enquête multisectorielle continue (EMC) de 2018, le taux de chômage qui est de 4,7%[3]au niveau est plus important chez les personnes handicapées car il se situe à environ 10,6% et varie selon le type de handicap. Le chômage touche moins les personnes handicapées moteur (6,4%), tandis qu’il est plus accentué chez celles vivant avec un handicap visuel (22,5%).

Cette situation peu reluisante, est davantage exacerbée par la crise humanitaire qui affecte le pays ces dernières années. Dans l’ensemble, les femmes et les enfants sont très affectés par la crise humanitaire actuelle en raison des déplacements de populations, des violences, de l’accroissement du risque d’abus sexuels, de la perte des membres de leur famille ou de la séparation d’avec ceux-ci et du risque d’augmentation du nombre de personnes handicapées. La crise humanitaire accroit notamment les vulnérabilités des enfants, des jeunes et des femmes du fait de l’affaiblissement et l’effondrement des mécanismes de protection traditionnels et de l’inaccessibilité des services sociaux de base du fait de la fermeture de certains services de l’Etat (action sociale, santé, écoles…) dans les zones affectées.

Le programme « santé sexuelle et reproductive des filles et femmes exclues » constitue une réponse multisectorielle à plusieurs niveaux pour contribuer à un meilleur accès des filles et femmes exclues aux services de santé sexuelle et reproductive, mais aussi, et surtout, inciter cette couche sociale à utiliser des services de qualité de santé sexuelle et reproductive, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs nationaux fixés dans les politiques et stratégies en matière de population, de planification familiale et de santé sexuelle et reproductive des jeunes. En réponse à ce besoin d’augmenter l’offre et la demande des services, ce programme met l’accent sur l’amélioration de la qualité et l’accès des services ainsi que la mobilisation sociale en utilisant une approche basée sur les droits des filles et des femmes exclues et la responsabilisations des structures faitières représentatives de ces groupes exclus, le renforcement des capacités de résilience des jeunes filles et femmes exclues et le renforcement des compétences parentales au profit des mères d’adolescentes exclues. La participation, la collaboration et le partenariat constituent des éléments clés du programme qui, depuis son élaboration met l’accent sur la collaboration intersectorielle en vue d’une action intégrée centrée sur les services sociaux et de santé à la base et le milieu communautaire avec une effective implication des cibles et des bénéficiaires.

Pour ce faire, ce programme qui vise à ce que les populations du Burkina Faso en général et les femmes et filles exclues en particulier aient un meilleur accès et utilisent des services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive s’appuie sur une approche multisectorielle et intégrée, et comporte trois (3) niveaux.

1) le niveau communautaire et familial avec des actions visant un changement de comportements, d’attitudes et de pratiques de Planification Familiale (PF), de Violences Basées sur le Genre (VBG), d’équité genre et de Santé Sexuelle et Reproductive (SSR) avec un focus sur les personnes handicapées, notamment les jeunes et les filles. Le but est d’augmenter la demande de services à travers une responsabilisation accrue des jeunes et des femmes exclues ainsi que de leurs structures représentatives.

2) le niveau des prestataires de services étatiques et privés en matière de santé sexuelle et reproductive pour renforcer l’offre en améliorant l’accessibilité et la qualité au sein des prestataires de services de SSR aussi bien de l’Etat que de la société civile. Les interventions permettront de répondre qualitativement aux besoins des populations dans la lutte contre les VBG, la promotion de la PF, et la SSR des femmes et filles exclues. Les organisations de la société civile, notamment les organisations de personnes handicapées et de groupes exclus sociaux bénéficieront d’une attention particulière à ce niveau.

3) le niveau de la coordination et de la concertation avec les autres partenaires par le renforcement du dispositif de pilotage et de coordinations des politiques et programmes et initiatives nationaux en matière de SSR des femmes et filles exclues.

Objectifs et portée de la mission

L’objectif de l’étude est de renseigner les indicateurs objectivement vérifiables prédéfinis pour le programme avant l’entame des activités.  Ce processus de renseignement des indicateurs dressera l’état des lieux de la situation de départ qui servira de référence afin de mesurer les réalisations du programme au fur et à mesure de l’avancement des activités ainsi que les effets et impacts entre l’évaluation à mi-parcours et finale. Un accent particulier sera mis sur la détermination des facteurs socio-culturels et institutionnel qui influent négativement sur l’accès des filles et femmes et femmes handicapées aux services de santé sexuelle et reproductives tout en identifiant des facteurs leviers qui permettront d’inverser la tendance. Enfin l’étude permettra d’identifier des bonnes pratiques à promouvoir pour l’effectivité de l’accès des filles et femmes exclues à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité

Telecharger les Termes de Références de l’étude de base du programme « Santé sexuelle et reproductive des filles et femmes exclues » ci-dessous

[1] RGPH 2006 – Situation socioéconomique des personnes vivant avec un handicap, INSD, Octobre 2009

[2] Enregistrement des personnes déplacées internes du Burkina Faso – La Protection, SP/CONASUR, Octobre 2021

[3] Enquête multisectorielle continue (EMC) de 2018, INSD


[1] Tableau de bord social 2018, INSD, 2019